Crédit photo : Audrey Rutz
J’espère que vous avez prévu le thé et les petits gâteaux, car nous allons papoter un moment aujourd’hui. On parle aujourd’hui du Saint-Graal de tout indépendant : vivre de son activité. Loin d’être un exemple, je souhaite humblement partager mon expérience aujourd’hui avec vous.
Dans cet article, je vous racontais les difficultés auxquelles j’avais fait face les deux premières années. Je décide aujourd’hui d’aller plus loin dans mon propos. Je combine ma propre expérience et celles des thérapeutes que j’ai pu rencontrer.
Je m’adresse donc en premier lieu aux thérapeutes, exerçant moi-même ce beau métier. Mais je pense qu’il est valable pour toute personne tentant l’aventure du freelancing.
Il y a un truc que je peux vous dire tout de suite : pour que ça décolle, il faut se remettre en question. Les seules barrières que nous rencontrons sont d’abord posées par nous-même. Vous n’êtes peut-être pas prêt à le faire, je comprends. Moi-même j’ai mis un certain temps avant de sortir du plus profond de moi-même tout ce qui était caché… Mais il n’y a pas d’autres solutions. Je m’excuse si vous pensiez tomber sur un plan marketing en arrivant sur cet article… Je digresse, reprenons…
Quelle est votre intention cachée ?
Voilà l’étape la plus importante à mon sens, c’est pour ça que je commence par elle. Avec quelle intention créez-vous cette activité ? Prenons ensemble la définition du dictionnaire (il est ton ami en toute circonstance).
Intention : disposition d’esprit par laquelle on se propose délibérément un but.
Le but c’est l’image idéale que vous formez dans votre mental quand vous souhaitez atteindre quelque chose.
Pour moi la question principale est quel est votre but ? Quand vous l’avez déterminé alors, vous pouvez trouver la bonne intention. Je me suis souvent dit pour ma part :
- “Je veux vivre de mon activité.”
- “Je veux aider les autres.”
- “Je veux soigner les gens.”
Je me suis rendue compte à quel point ces buts n’étaient pas justes.
- Vivre de son activité : ça veut dire quoi pour moi ? De combien de revenus ai-je besoin ? A quel rythme ai-je envie de travailler ?
- Je veux aider les autres : de quelles façons ?
- Je veux soigner les gens : si vous pensez qu’un thérapeute soigne, vous devriez revenir sur cette certitude. Vous n’êtes ni un sauveur, ni un guérisseur. Prendre cette posture vous vaudra automatiquement de recevoir des individus qui voudront être assister dans leur guérison et non pas être accompagner sur la voie de leur guérison. Ça fait la différence je vous assure.
Un bon aidant est celui qui donne le juste soin, au juste moment, à la juste personne. Tout le reste ça ne vous appartient pas. C’est votre client qui doit prendre en main son mieux-être. Vous serez facilitateur.
Pour revenir à l’intention, c’est l’énergie que vous mettez dans votre activité. Et si je puis me permettre, nous n’avons pas tous la bonne intention en nous installant en tant que thérapeute ou coach (moi la première).
Il faut trouver la véritable intention avec laquelle vous travaillez. Pas celle que vous dicte votre conscient qui est pragmatique et réaliste, mais celle de votre part d’ombre qui réagit aux peurs.
Moi par exemple, j’avais envie d’aider les autres, car j’étais morte de trouille à l’idée d’être inutile et que personne ne me reconnaisse. Bien sûr, ce n’était pas à 100% l’intention qui me guidait, comme nous tous d’ailleurs 😉 Mais elle était là, et elle ne donnait pas du tout la bonne énergie pour donner mes soins. Je donnais tellement de moi pendant chaque séance que j’étais épuisée. Il a fallu changer d’attitude pour être juste avec moi-même et mes clients. Je vous en parle plus précisément dans cet article.
Pour définir votre but et créer l’intention juste, vous devriez travailler sur vos peurs et vos croyances limitantes. Ensuite vous pourrez imaginer la scène idéale de votre but (je reparlerai des buts et de la façon de les réaliser dans un autre article).
Connaissez-vous bien votre métier ?
Il est impossible de tout connaître sur son métier. Vos connaissances et votre expérience vous apporteront une part de légitimité mais pas la totalité (on reparlera dans un autre article du fameux syndrome de l’imposteur). Mais, soyez droit dans vos baskets avec votre savoir-faire, et connaissez vos limites.
Quand j’ai débuté dans le Shiatsu, j’ai commencé par pratiquer exactement comme j’avais appris à l’école. Puis je suis sortie du cursus “scolaire” du Shiatsu pour me former avec différents praticiens afin de créer mon propre style. Ne sautez pas les étapes : s’affranchir aussitôt du cadre qui vous a été donné dans votre formation est le meilleur moyen de se casser les dents. Je ne dis pas que vous devez faire trois ans d’études, et pratiquer dix ans avant de vous installer. Mais j’ai souvent vu des praticiens se lancer, un peu “à froid” après un séminaire de trois jours de formation en massage.
De plus, il y a une chose que vous n’apprendrez jamais à l’école : la relation client : l’empathie, et la gestion des émotions.
Ça ne s’apprend pas, c’est inné ou bien ça se développe avec le temps et l’expérience. L’autre jour, un homme que j’ai pris en covoiturage m’expliquait que son ex-petite amie s’était formée pendant deux ans en Shiatsu et avait arrêté après s’être installée à son compte : pour cause, elle n’arrivait pas à gérer les émotions de se clients.
Si vous n’êtes pas prêt à accueillir le mal-être de l’humain, si vous n’êtes pas authentique et empathique, alors vos clients le ressentiront et ne reviendront pas.
Veillez à bien connaître tous les aspects du métier de thérapeute ou de coach avant de vous lancer. Ce n’est pas un métier que l’on fait pour l’aspect mercantile, pour sauver quelqu’un ou pour combler quelque chose en soi.
Définir son espace :
Lorsque vous souhaitez vous installer en cabinet, ou en coaching à distance, vous allez devoir créer et délimiter votre espace en tenant compte des espaces déjà occupés par vos confrères et consoeurs (la concurrence quoi, mais je n’aime pas ce mot) et des espaces de chacun de vos (futurs) clients.
Espace : Étendue, surface ou volume dont on a besoin autour de soi.
Lorsque l’on s’installe, notre espace est tout petit. Il se cantonne peut-être à notre cabinet ou notre bureau. Nous devons tout doucement agrandir notre espace, en commençant au point 0, c’est-à-dire : je me fais connaître, je découvre ma clientèle, je réponds à un besoin. Si je débarque de nulle part et que j’arrive si je puis dire “en terrain conquis”, les clients me fuiront. Pour exemple, je vous cite la phrase d’une thérapeute nouvelle arrivante à La Rochelle, entendue lors d’un événement autour du bien-être : “je ne comprends pas, quand j’étais à Paris, mes ateliers [de bien-être] étaient toujours remplis et là personne ne vient.” Oui madame, c’est normal… La Rochelle puisqu’on en parle, est une ville fortement axée sur le réseautage et le bouche-à-oreille. Il faut tenir compte des règles de l’espace dans lequel on s’installe.
Qui dit espace, dit limites, les vôtres et celles des autres. Elles sont toutes importantes. Apprenez à respecter vos limites : définissez votre temps de travail par semaine, n’hésitez pas à dire non à un partenariat, refuser un client qui vous semble néfaste ou vous protéger d’un autre un peu envahissant. Parfois ce sont vos clients qui ne seront pas prêts à recevoir vos conseils, porter attention à ce qu’ils sont venus chercher réellement auprès de vous, et n’outrepasser pas leurs limites.
C’est dès maintenant qu’il faut envisager vos limites entre vie pro, vie perso. Pour exemple, un couple de clients tient une poissonnerie. Eux-mêmes me confiaient leurs difficultés à prendre des vacances, à réduire leur temps de travail… Ils bossent six jours sur sept de 4H du matin à 14H. Je sais que nous sommes dans l’ère du “il faut travailler dur, il faut tabasser pour réussir et s’en sortir”. Je nuancerai ces propos. Car tout le monde n’a pas la même notion de ce qu’est le travail dur et tout le monde n’a pas les mêmes besoins. De plus, penser ainsi amène inévitablement au burn-out, je peux vous dire qu’ils sont de plus en plus fréquents…
Se projeter dans le temps :
On reprend cette phrase que tous les thérapeutes, coachs et freelances ont prononcé un jour :
“Je veux vivre de mon activité.” Il n’y a pas d’objectif de temps dans cette phrase.
Plus vous serez précis dans votre but, plus il a de chance d’aboutir (c’est quand même l’objectif hein !). Alors, il est nécessaire de vous définir un objectif de temps réaliste. Oui, parce que, lorsque votre espace est au point 0 (voir paragraphe précédent), vous risquez de ne pas tout de suite avoir 15 consultations par semaine. Mais ne tombez pas dans l’excès inverse. J’ai toujours entendu dire des autres thérapeutes : “oh il faut bien deux à trois ans pour qu’un cabinet fonctionne.”
Eh bien je vous dis non, car j’ai pu atteindre l’objectif que je m’étais fixée au bout d’un an et demi. N’écoutez pas leurs croyances limitantes.
Le temps est une donnée humaine que vous pouvez manipuler à votre guise. Je vous mets ici un lien vers une vidéo qui parle du temps mieux que moi.
Conclusion :
Si votre activité ne décolle pas c’est que vous n’avez pas défini votre but et que votre intention n’est pas correctement en place. Le “je veux vivre de mon activité”, doit se transformer en :
(Exemple) “Dans un an, mon activité de Shiatsu à La Rochelle est enrichissante, et me permet d’avoir une vie professionnelle et personnelle équilibrée.”
Après c’est à vous de :
- Définir votre niveau de richesse en fonction de vos réels besoins. La richesse a de nombreuses définitions : richesse d’enseignement, de relation, de temps, d’argent (INFO : pour l’aspect financier, moins vos besoins sont élevés, moins vous avez besoin de travailler, je vous renvoie à la catégorie du blog consacrée à la simplicité volontaire.)
- Définir dans combien de temps cela doit aboutir.
- Définir votre espace et vos limites (j’accepte que <tant> de rendez-vous par semaine pour garder un équilibre entre votre vie pro et perso).
Toutes ces données, c’est à vous de les définir. Bien sûr vous les ferez en fonction de certaines obligations que vous avez. Mais sachez une chose : lorsque votre but est aligné avec vos valeurs et votre intention éthique, l’Univers se met en marche comme j’aime dire, et vous obtiendrez ce qu’il vous faut. Vous ne saurez pas particulièrement comment vous les aurez, mais cela se passera. Ne cherchez pas les moyens, définissez votre but.
Et surtout, surtout, travaillez avec votre Coeur et soyez patient.
N’oubliez pas de garder votre juste intention. Vous attirerez les clients pour qui cette intention résonnera. Et je me suis aperçue que je n’avais pas besoin de le crier sur tous les toits. Les personnes que je reçois en cabinet le savent. L’Univers est ainsi fait. Je vous propose d’expérimenter cela pour vous en rendre compte par vous-même.
Sachez que les clients qui viennent à vous, c’est que vous pouvez leur apporter quelque chose ET qu’ils vous en apprendront aussi.
J’espère n’avoir pas été trop redondante dans mon propos et que je ne vous ai pas perdu avant la fin 🙂 Sachez que ceci peut-être valable dans n’importe quel aspect de votre vie, à chaque fois que vous souhaiterez entreprendre quelque chose : voyage, projet pro, changement de vie etc…
Merci de votre attention et belle journée à vous.
Ton article est extrêmement juste, intelligent et lucide, et beaucoup de thèses que tu développes s’appliquent aussi à mon activité, la création de contenu touristique en freelance. Je suis vraiment d’accord avec toi, avec tous les détails que tu pointes et les changements d’attitude, de mentalité que tu suggères !
Merci beaucoup Ariane de ton commentaire, je suis très contente de voir que cela peut s’appliquer à d’autres métiers que celui de thérapeute. Merci de partager mon point de vue. Je trouve que l’on fait chacune un merveilleux métier parce qu’il nous permet de nous remettre en question et de ne pas nous endormir sur nos lauriers. Bisous ma belle !
On a eu la chance de parler de tout cela avec notre professeur !
Mais pour ceux et celles qui n’ont pas abordé le sujet en formation, ton article sera très utile! Il est très bien fait!
Pour les thérapeutes je conseille la Labradorite -en bracelet en pendentif ou en décoration dans la cabinet, c’est la pierre des soignants qui protègent des patients « vampirisant »…
Merci beaucoup ! Quelle chance que tu aies pu aborder cela avec ton prof ! Oui très bon conseil la labradorite. J’en ai toujours une sur moi, plus une grosse qui trône dans mon cabinet 🙂